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L’éveil d’un sommelier improbable

  • Writer: Domaines.lu
    Domaines.lu
  • Mar 23
  • 2 min read

Jérôme n’aimait pas le vin. Ou plutôt, il n’y connaissait rien, ce qui revient souvent au même. Pour lui, il y avait deux catégories : le « bon » vin, c’est-à-dire celui qui ne lui faisait pas faire la grimace, et le « mauvais » vin, qu’il évitait poliment en soirée en demandant un soda.


Mais tout a changé un soir d’automne.


Il avait accepté, sans trop savoir pourquoi, une invitation chez son ami Thomas, un passionné du genre obsessionnel. Un type capable de réciter l’histoire d’un vignoble aussi naturellement que Jérôme récitait son code Wi-Fi. Ce soir-là, Thomas avait organisé une dégustation. Une vraie. Avec des verres étrangement fins, un crachoir (qu’il refusait d’utiliser par principe) et surtout, une ribambelle de bouteilles aux étiquettes impressionnantes.


Jérôme était prêt à bâiller dès la première gorgée.


Mais voilà, ce qu’il n’avait pas prévu, c’était la bouteille.

Un Bourgogne, un grand cru. Quand il porta le verre à son nez, quelque chose se produisit. Une explosion d’odeurs : des fruits rouges, une pointe de vanille, quelque chose de profond et mystérieux. Il goûta, et là, tout bascula.


C’était… magnifique.


« Ça va, Jérôme ? » demanda Thomas, amusé.


Jérôme était figé. Comment un simple liquide pouvait-il raconter autant de choses ? Lui, qui pensait que le vin était juste du jus de raisin vieilli, découvrait une nouvelle langue. Une langue qu’il voulait parler couramment.


À partir de ce jour, il se mit à explorer.

Il commença par des livres, puis des dégustations. Il regardait des vidéos d’œnologues, prenait des notes (illisibles après quelques verres), et surtout, il goûtait. Il fut émerveillé par la minéralité d’un Riesling, ému par la profondeur d’un vieux Bordeaux, amusé par l’exubérance d’un vin nature un peu trop vivant.


Sa transformation devint légendaire.


Fini le soda en soirée, il était celui qui débouchait les bouteilles avec une gestuelle presque théâtrale. Son entourage le regardait avec un mélange de fascination et de perplexité quand il parlait de « robe grenat aux reflets tuilés » en plissant les yeux.


Il y eut des ratés, bien sûr.


Comme ce jour où il apporta un vin orange à un repas de famille et vit sa tante Germaine le diluer avec du sirop de cassis sous ses yeux horrifiés. Ou cette fois où, cherchant à impressionner un sommelier, il déclara qu’un vin sentait « le sous-bois après la pluie » alors qu’il s’agissait… d’un Sauvignon blanc.


Mais peu importait.


Jérôme avait trouvé sa passion. Ce n’était pas seulement le vin, c’était ce qu’il racontait : des histoires de terres, de temps qui passe, de mains patientes qui façonnent des merveilles.


Et un jour, alors qu’il ouvrait une grande bouteille pour des amis, il se souvint de ce premier Bourgogne, de ce moment où tout avait commencé.


Il sourit, leva son verre et déclara :

« À la découverte. Toujours. »

 
 
 

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